Le Poète et le Philosophe

Sur leurs chaires assis pour leur dialogue,
Le poète au philosophe dit en prologue,
Son discours sur la naïveté de l’homme
Lorsque, sur son lit, celui-ci s’installe pour un somme,
Et se soustraire un temps à ses problèmes existentiels.

C’est en curieux que, pour de la chose savoir l’essentiel,
Le Philosophe interrogea le Poète, son compère,
Sur la nature de cette naïveté qui, bien prospère
Chez l’homme, le garnirait d’instinct belliqueux,
Et en ferait un être conquérant et au courage hargneux.

Dans la lumière, l’homme, convient le poète,
Au monde avance, et parle comme à un  pote
Au peuple agité par une révolution à son faîte,
Avec un luxe oratoire, au prétexte qu’il sait ce qu’il fait
Et mieux que les dieux, et cela, évidemment, lui sied.

Et comme dans un monde qui en l'essentiel perd pied,
Il peut dire, se croyant puissant et pluriel :
« Le matin, je me lève et m’incline devant le Ciel;
En croyant, le jour qu’il me donne à découvrir est un mystère;
Et la journée dans laquelle je vais m’engouffrer sans enchères
N'est qu'un temps de vie qui ne m’appartient qu’en illusion.
Mais j'y vais, pour avec vigueur, creuser un trou par pression.

Je sais qu'en définitive de la vie, le Ciel en est maître,
Et qu'à la recherche du vrai, je suis un autre qui n'est point traître,
Moi, l’humain heureux,  je ne sais pourquoi et orgueilleux,
Je sors de la maison, pour conquérir le monde tout heureux
Puisque j’ai décidé, c’est ma résolution.
Et je prends pour témoin
Le Ciel puisque je lui ai, à mon réveil dit mon projet.

Sans être soumis au dictat de quelque rejet

Je me démène; je renverse tout obstacle
Et la liste de mes victimes s’accumule, un spectacle,
Je rentre le soir content, moi l’insensé
Me disant que tout était bien pensé  
Et remercie le ciel  tout heureux,
Et en orgueilleux, je pense qu’il m’approuve.

Pauvre homme que je suis; je me trompe, moi,
Insensé qui ce soir croit avoir réalisé le merveilleux
Puisque, crois-je, des combats ont été gagnés
Et en Seigneur je peux en triomphe porter ma joie
Alors qu’en réalité je n’ai rien inventé ou gagné.

Humain, on tue pour Dieu alors qu’il n’a rien demandé,
Si ce n’est d’aimé et lui en plus, dit le philosophe.
L’homme veut dominer le monde et en faire son bien,
Et pouvoir dire qu’il a créé la richesse, dit le Poète en apostrophe,
Et croyez,  bonnes gens, qu’il n’a rien créé et a avec le Ciel, aucun lien.

Pauvre comme hier, il ira le soir s’incliner devant ce Ciel par devoir
Pour implorer sa miséricorde et réclamer passionné encore du pouvoir,
Le pouvoir de dominer le monde, et être riche au détriment d’autrui.
C’est exact de dire, peut-être, que le Ciel doit être triste pour lui
Et doit se demander, quand viendra-t-il en fin à la raison,
Et quand cessera-t-il, l'homme, d’être gouverné par sa passion.

(A suivre)

Daniel Tongning
30 janvier 2014





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