Les Nouveaux esclavagistes

Dans la rue entraînée par la colère, une foule compacte et nombreuse,
Comme une lave purificatrice dévalant une pente, criait à la trahison
Et ordonnait : dehors, dehors, les nouveaux esclavagistes.
La colère, fille de l’exaspération
Et la révocation, témoin de l’échec du pouvoir
En chœur constataient la mutation en agent de la servitude
Les serviteurs des institutions.

De fusils armés, des casques coiffés, et par des chars soutenus,
Des guerriers, défendant le pouvoir, chargeaient la foule,
L’arrosaient d’un liquide douteux.
Les crépitements des armes effrayaient,
Les armes vomissaient le feu et fauchaient comme des mouches
Les citoyens qui tombaient, et morts, ne se relèveront plus.

Tout laissait penser que cela se fera,
Et on redoutait le moment où cela se produira.
Le pouvoir avait depuis perdu son humanité et la démocratie son sens.
La terreur avait remplacé le débat citoyen
Et la peur régnant terrorisait les consciences,
Imposait l’exile aux affamés économiques,
La prison aux patriotes affamés des débats.

Tout le monde le pensait
Et espérait néanmoins un sage renoncement
Qu’en homme digne,
Sacrifiant le personnel intérêt à la cause de la nation,
L’homme désigné à la fonction de gouverneur
Pour une période délimitée, 
Ne voudra par force s’imposer à l’Etat,
Et par malice se proclamer à vie souverain.

Tout le peuple le pensait mais espérait
Que pour son profit, il ne confisquera ni bien, ni titre et fonction,
Et saura se retirer lorsqu’il aura fait un mauvais pas,
Ou partirait à la fin de son mandat
Pour en dignité gagner
Ou pour ne pas voir se répandre partout le sang
Comme les eaux furieuses  d’un torrent tumultueux,
Ou voir le peuple trahi, révolté et en colère,
En foule déchaînée des citoyens, prendre les rues.

Toutes les nations le savaient
Et le peuple trahi attendait leur réaction.
Inquiet, ce peuple espérait pour sa souveraineté,
Le respect  par  l’homme qu’il avait choisi,
De ce qui, pour la nation, était fondamental
Et voyait en l’élu à la fonction du souverain républicain
L’honnête serviteur qui, maintenant,
Officiant à la tête de sa milice
Levait en conquérant contre la nation,
Le bouclier en envahisseur
Et renversait au nom du sien
L’ordre constitutionnel et républicain. 

L’homme, lui, est pugnace, à volonté  belliqueux
Les titres et les honneurs lui appartiennent 
La fortune de la nation est dans ses poches
Toutes les forces lui obéissent
La cohorte des profiteurs chantent à sa gloire
Des pouvoirs détournés sont ses instruments
Et les étrangers à la cause de la Nation sont ses alliés
La morale qui n’est pas celle de son camp
Est soupçonnée de complicité
Et d’intelligence avec les forces externes.

Accroché au trône, il édicte mille et une lois,
Enonce avec force les interdits contre le peuple,
Peuple révolté qui en foule occupe les rue et dans sa dispute
Veut garder sa liberté et son pouvoir de décision.
Dans les villes et les campagnes, les murmures et les cris
Montent et le bourdonnement envahit les oreilles des nations.
Liberté, liberté crient les mondes libres.

Pas d’esclavagistes, loin de nous la dictature, crient les populations.
Respect de la constitution et de la nation; démocratie, liberté de vote :
Dit le monde impuissant contre les nouveaux esclavagistes.
Les nouveaux esclavagistes, comploteurs contre l’Etat et la nation
Ils sont là, accrochés au pouvoir,
Ils soumettent  leur peuple à mille servitudes
Et leurs imposent leur volontés par mille malices,
Soulèvent au besoin une partie du peuple contre l’autre
Lorsque, coûte que coûte, il faut s’accrocher au pouvoir.

Quand donc grandiront-ils ces genres de gouverneurs,
Quand donc deviendront-ils de bons démocrates,
Quand donc comprendront-ils que leur peuple a grandi,
Et quand donc  les pauvres peuples d’Afrique se libéreraient-ils
De tels maîtres qui les ridiculisent et les martyrisent ?

Daniel Tongning,

mai 2015

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