Propos sur la poésie philosophique
Mon oncle, après avoir lu l’un de mes poèmes, m’interrogea : « Relève-t-il de la poésie philosophique ? Et qu’est-ce donc que la poésie philosophique ? » Pris de court, je n’avais sur le moment qu’une seule idée à lui offrir : celle que j’associais à la vérité de la vie. Je lui répondis alors que la poésie philosophique est celle qui prête aux matières de la philosophie le charme des vers, même lorsqu’elles sont les plus abstraites. Pourquoi donc mon poème, avec son penchant philosophique qu’il soit discret ou manifeste, avait-il suscité son étonnement ? Je le dis bien : c’était un véritable étonnement. Il s’interrogeait sur le langage même du poème, doutant peut-être de la capacité du langage poétique à répondre aux exigences de la vérité philosophique. Je sais que la poésie est faite d’images, de sentiments, de mouvements passionnés de l’âme. Mais elle est aussi quête de formes souples, de couleurs vives, de profondeur, non pas seulement émotionnelle, mais aussi intellectuelle,...