Benjamin GUIFO : Éloge à un Frère disparu

Hier soir, le vingt-deux juillet de cette année de l’an deux mil seize, j’apprenais sur ma page Facebook la mort à l’hôpital Laquintinie à Douala, de mon ami et frère Benjamin Guifo par un message d’ ‎Erick Jiongo‎ du Réveil Bamiléké ainsi délivré :
« Notre forum est en deuil. Notre membre Benjamen Guifo nous a quitté ce matin de suite d'un AVC ». Pionnier de ce forum il était un intellectuel au vrai sens du terme. Faisait des contributions sur les sujets de droit de l'homme, de développement et de coaching qui étaient d'ailleurs ses passions. Nous perdons là un bon membre, et ce jour est noir pour les Bamilékés. »
Je ne pus oublier l’échange que j’ai eu avec lui ces derniers jours. Il me parlait de sa santé ; de ses projets et il s’intéressa au voyage que j’envisageais de faire au Cameroun.  Je doutais quand même de l’information et avant d’aller me coucher, je demandais à un de nos amis communs de vérifier sur place l’information pour moi. Au réveil, je ne trouve sur le net que des messages tristes. Maintenant je sais : Benjamin Guifo a disparu.
Nous nous sommes rencontrés par l’écriture et avons collaboré. Nous nous sommes trouvés frères et il me donnait toujours du « Grand Frère » et moi je trouvais en lui un « très cher ». Si à cet instant mes larmes mouillent mon clavier pendant que je rédige ce mot, je dois penser à sa famille, à sa compagne et à ses enfants et leur dire ma compassion ; je dois penser à ceux qui l’aiment et aussi à ses contestateurs qui perdent un grand contradicteur. Je dois penser au Pays Bamiléké et au Cameroun qui perdent un enfant qui leur voulait du bien.
Je n’ai pas des mots pour dire qui était Benjamin Guifo mais, je dois revenir à la préface qu’à sa demande amicale, j’écrivis pour son œuvre « Mots pour Maux » publiée aux éditions Edilivre:

Préface Mots pour Maux

Je connaissais Benjamen GUIFO depuis peu. C’est lui qui m’a trouvé. Il m’a parlé de lui, puis, de son ouvre avec beaucoup d’humilité et a bien voulu me la faire lire. Moi, j’aime les poètes et la poésie. Les poètes d’abord parce que, pour eux, du moins pour certains, la poésie permet de voir au-delà du réalisme. Il en est ainsi parce qu’elle est un art dont la mission est de réveiller la conscience, le peuple, de les sortir de la torpeur où peuvent les maintenir le mensonge, la propagande, la peur, la compromission, la facilité, la lâcheté et même l’art officiel. Le poète a alors, cette fonction de les réveiller, et la poésie, en cela, est son arme. La poésie ensuite, et justement parce qu’elle interpelle, éduque, et éveille les consciences ou le peuple. Alors, je l’aime pour cela puisque c’est sa fonction. Elle peut l’exercer. Je devrais dire qu’elle doit l’exercer, parce que c’est sa mission. Elle a parfaitement le devoir de se saisir du rôle politique, social et moral en raison aussi, de sa fonction éthique. Elle le peut car elle est capable de susciter l’engagement du lecteur si elle parvient à le toucher.  Alors, je comprends que le thème de l’amour sert de point d’attaque dans l’œuvre de Benjamen GUIFO. Comme le poète voit plus loin que la simple réalité, comprend mieux les misères amoureuses des citoyens et les frustrations des peuples, il s’érige, lui le poète, comme le pensait Hugo, en guide, voire en porte-parole des opprimés. Je le dis parce qu’il n’y a pas que des opprimés politiques ou raciaux. Des opprimés en amour sont légion dans nos sociétés. Alors, le rôle du poète dans les combats est tenu en haute estime, et le poète, regardé en prophète, acquiert une fonction éthique. Face aux tragédies que sont toutes les guerres (mêmes amoureuses), la poésie traduit les émotions et les interrogations du poète. Elle obéit alors à la mission que lui assigne celui-ci et, par le dépassement du drame individuel, elle peut crier, accuser et espérer. Par ce livre, le poète Benjamin GUIFO est parmi nous. Il est dans le monde. Son recueil de poème m’a séduit. Ce livre est d’abord un titre singulier par sa pensée, inquisiteur lorsqu’il pointe l’inacceptable, investigateur lorsqu’il annonce l’heure des comptes. Ensuite, par son contenu, c’est un trésor des mots d’amour, pour des maux de la vie. Voilà une manière toute trouvée pour rappeler à chacun que l’amour n’est ce qu’il est, que parce qu’il peut, en s’élevant plus haut, révéler les souffrances et faire de l’action amoureuse, la dénonciation des maux qui rongent la femme, l’homme et la société. L’amour dans ce recueil nourrit l’inspiration de Benjamen GUIFO. Il apparaît beau et désirable sous sa poésie. Ce recueil comme une anthologie se donne en un langage qui, sous plusieurs univers (poèmes), résume en un seul tenant, le rêve du poète, une vision…

C’est ainsi que je trouvais Benjamin Guifo et ma pensée n’a pas changée.

Daniel TONGNING
23 juillet 2016

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Canons religieux chez les Yemba

BUEA

Propos sur la poésie philosophique