L'assassinat de Mo'oh
Ce matin-là, on avait entendu les crépitements des armes, les bruits de canon ; les populations réveillées fuyaient dans tous les sens et ceux qu’on rencontrait et qui venaient du Nord, côté Mbouda, recommandaient de faire demi-tour. Ils disaient : Akan Ntooh nsi chièh (les Gens aux caques à la tête arrivent), l’armée arrive pour traduire ce que cela voulait dire. L’armée ! Elle tirait effectivement sur tout. Une journée des malheurs avait commencée. A Sa’ah, là où on avait le choix de fuir vers Dzem Toh ou retourner vers Mengnhè ou Tekang, c’était l’incertitude. Là, dans une maison, quelques hommes, à la recherche d’un lieu sécurisé, avaient été réunis par le hasard : Pa François, Mo’oh Kemjio et deux autres personnes de la même génération. Mo’oh Kemjio comme tout un chacun en ces années de guerre dans l’Ouest Cameroun, fuyant devant l’armée française qui combattait en pays Bamiléké, était, lui aussi à la recherche d’un lieu sécurisé. Comme nous le racon...