L’éternelle justification du citoyen noir de son européanité
Le Noir européen est toujours regardé en étranger et doit constamment, du fait de la couleur de sa peau, justifier son européanité. La Négritude n’avait pas seulement mis en avant la négrité du peuple noir. Elle fut, et reste, aussi ce paradoxe que ses Maîtres inventèrent et qui depuis est un procédé rhétorique et donc, une figure de style consistant à formuler un raisonnement qui paraît absurde ou illogique aux yeux des racistes, alors qu’il a pour but de faire réfléchir sur la relation entre les races humaines et de provoquer la curiosité des autres races qui participent et caractérisent le concert du monde humain. Dans l’univers humain, on assiste, dans l’univers humain, à une complexité qui interroge (I). Pour la comprendre et se distinguer des autres, chaque genre discrimine c’est-à-dire, que chacun établit une différence entre soi et les autres personnes humaines en se fondant sur des critères distinctifs ou de discrimination (II). La Noir, dans cet exercice, semble être regardée comme une absurdité dans le monde créé, ou comme l’illogique couleur dans le concert des races. Personne n’a eu la curiosité d’interroger le fondement humain naturellement colorié (III).
I - L’univers humain, une complexité qui interroge
Dans le monde humain, la discrimination est un exercice qui, à des fins de conservation de l’authenticité ou de domination, conduit au mépris, à l’intolérance et la guerre. Tout part de l’observation de soi ; de la valorisation de soi ; et de la recherche en soi de ce qui fait la grandeur ou de ce qui va être la raison de la guerre contre ce que l’on considère comme le danger mortel. La découverte d’un concurrent humain ou qui y ressemble, aiguise la curiosité et l’observation de l’autre, cherche à se différencier pour mieux asseoir son soi.
Alors, c’est l’heure du développement de la connaissance de « l’autre différent » qui va passer tantôt par la violence pour l’écarter ou pour le soumettre. C’est aussi le moment de trouver à cet « autre différent » ce qui n’en fait pas l’égal de soi, et la raison de le tenir à distance ou de s’en servir pour son bien-être comme si de son jardin , de son potager, on se servait des sillon pour faire pousser ses salades.
Pour s’en convaincre, on cherche les discriminants c’est-à-dire, ce qui établit une séparation, une différenciation entre soi et les autres, ce qui distingue nettement sa race de l'autre. Si la différence est nettement établie, on cherchera aussi à établir que cette autre race, cette autre couleur, n’est pas locale ; n’est pas égale à soi et donc, lui dira ce qu’elle est et n’est pas, et donc, race inacceptable sinon à des conditions bien précises par soi établies.
II - Des critères distinctifs ou de discrimination
Des
critères, on aime bien distinguer le noir, le blanc, le jeune, et le rouge. Il
s’agit, pour chaque catégorie d’humain de poser un regard cru sur soi, de
regarder l’autre dans sa couleur raciale pour trouver ce qui les distingue pour
ensuite rejeter cette autre race à partir de ce qu’elle a de différent, et qui
en fait un intrus aux différences inacceptables et donc, à combattre.
En
Europe, un Noir qui y est né reste un étranger. S’il est de nationalité
française par exemple, il est supposé
être un étranger puisque sa couleur le désigne ainsi jusqu’à ce qu’on ait pu
vérifier qu’il est bien né là-bas et que
sa nationalité a été vérifiée et
authentifiée exacte ou, si ce n’est pas le cas, serait de ces îles lointaines
qu’on nomme affectueusement la France ultra-marine. Là encore, il faut se
rendre compte que ce nègre est bien Ultra-marin et authentifié exact quant à sa
nationalité française d’ultra-marin.
Allons en Inde, la noirceur d’un Africain n’en fait pas un indien bien qu’on y trouve des gens à la peau noire. Allons en Afrique ; du moins en Afrique noire. Au hasard, allons dans un pays que ses habitants nomment affectueusement « Le Continent » pour signifier qu’il est une Afrique en miniature. Tout le monde là-bas est noir. Mais, tu entendras quelqu’un te demander : de qu’elle côté es-tu ? Comme en Europe l’Européen Noir doit justifier son « européanité », l’Africain du « Continent » doit justifier sa « continentité ». Le blâme ici doit être un appel à la prise de conscience d’une humanité dont les nuances de couleurs ensorcellent pour en faire des créatures qui n’ont pour émulation que la détestation.
III- Le fondement de l’humain colorié (Noir dans ce concert des races humaines)
Le
concept de race est discutable. On a tendance à se concentrer sur un trait
physique principal : la couleur de la peau. Or, en observant le monde qui nous entoure,
on se rend compte qu'en mettant bout à
bout l'ensemble des tons des couleurs, allant du blanc laiteux au noir d'ébène,
en passant par l'ivoire et le café au lait, on obtiendrait une palette de
colorations à en faire pâlir d'envie les nuances qu’offre Grey. Si la
définition de la race passait par la couleur, la liste des races serait
impressionnante.
Si
au lieu de se baser sur la couleur de peau on ne considérait que la couleur des cheveux, on se rendrait compte
qu’il y a une multitude de races. N’est-ce pas, il y a une époque où on discriminait dans la
race blanche, les gens qui avaient les cheveux
roux en s'imaginant qu'ils étaient des créatures plus ou moins
diaboliques ?
Les
Maître de la Négritude ont eu cette intelligence de s’affirmer ; en se
situant dans le concert des races en entier ; se reconnaissant en être sans
exclure quiconque, y étaient, s’étaient bien observés et se reconnaissaient
comme des authentiques humains et noirs, laissant aux autres le loisir d’avoir
ou de ne pas avoir la curiosité que
l’exploitation de ce qu’il croyait être illogique par rapport au noir et permet
aux autres de douter de leur humanité si on ne copie pas ses travers. Le jaune,
sous des aspects différents n’est pas moins cruels et critiquable, tout comme
le Noir qui ne doit rien copier mais continuer à affirmer son humanité.
Au total, le noir se présente comme le contenant dans lequel est caché un trésor que le propriétaire ne veut pas en être dépossédé et qui aime mesurer par la foudre, le mépris suscités par la couleur noire, pour étalonner le degré d’humanité des autres races, et leur incapacité à découvrir l’unicité et le véridique humain. On est dans une société qui voit la couleur de peau avant de voir l'individu. C’est, en définitive, placer en haut des considérations, la couleur l’individu avant son humanité.
Daniel TONGNING1
9 janvier 2023
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