L’obnubilarisme du pouvoir au Cameroun : entre impasse politique et espoir de renouveau
Introduction
Le Cameroun, pays d’Afrique centrale riche en diversité culturelle et en ressources naturelles, est confronté depuis plusieurs décennies à une forme de gouvernance marquée par une obnubilation du pouvoir. Ce phénomène, que l’on peut qualifier d’obnubilarisme, désigne une fixation pathologique du pouvoir sur lui-même, au détriment de la lucidité, de l’ouverture et du progrès. Dans le cas camerounais, cette dynamique a engendré des conséquences profondes sur les plans social et économique, tout en bloquant les mécanismes naturels de transition et de renouvellement politique.
I - L’obnubilarisme du pouvoir : une pathologie politique
L’obnubilarisme du pouvoir se manifeste par une centralisation excessive, une personnalisation du pouvoir, et une résistance systématique à l’alternance. Le régime en place, depuis plus de quatre décennies, s’est construit autour d’un appareil étatique verrouillé, où les institutions sont subordonnées à la volonté présidentielle. La Constitution, loin d’être un outil de régulation démocratique, devient un instrument de pérennisation du pouvoir.
Ce phénomène s’accompagne d’une délégitimation des contre-pouvoirs : les partis d’opposition sont marginalisés, les médias indépendants muselés, et la société civile fragilisée. Le pouvoir devient ainsi incapable de se remettre en question, enfermé dans une logique de conservation qui ignore les aspirations populaires.
II. Conséquences sociales : fragmentation et frustration
Sur le plan social, l’obnubilarisme du pouvoir a engendré une fracture profonde entre l’État et la population. Les citoyens, en particulier les jeunes, expriment une perte de confiance envers les institutions, perçues comme corrompues et inaccessibles. Cette défiance se traduit par une montée de l’abstention électorale, une radicalisation des discours, et parfois des mouvements de contestation violents.
Les régions anglophones, longtemps marginalisées, sont le théâtre d’un conflit armé qui illustre l’incapacité du pouvoir à dialoguer et à intégrer les revendications légitimes. Le tissu social se délite, les solidarités communautaires s’effritent, et l’unité nationale vacille.
III. Conséquences économiques : stagnation et inégalités
L’économie
camerounaise souffre d’un manque de vision stratégique, lié à la concentration
du pouvoir et à l’absence de transparence. Les investissements étrangers sont
freinés par un climat d’incertitude juridique et politique. Le secteur privé
est étouffé par le clientélisme, la corruption, et l’accès inégal aux
opportunités.
Les inégalités territoriales se creusent : les régions périphériques sont sous-dotées en infrastructures, en services publics et en opportunités économiques. Le développement est capté par une élite politico-économique, au détriment du bien-être collectif.
IV. Pistes de sortie : vers une refondation démocratique
Face
à cette impasse, plusieurs pistes de sortie peuvent être envisagées :
1. Réforme institutionnelle. Elle consiste en la clarification des mécanismes de transition du pouvoir ; à renforcer l’indépendance du Conseil constitutionnel, de la justice et des organes électoraux ; et à la limitation des mandats présidentiels et à garantir leur respect.
2. La réhabilitation des contre-pouvoirs est nécessaire et doit protéger la liberté de la presse et encourager le pluralisme médiatique, soutenir la société civile et les mouvements citoyens et, enfin, favoriser un dialogue inclusif avec toutes les composantes de la nation, y compris les régions en crise.
3. Décentralisation effective doit apporter un transfert effectif des compétences et des ressources aux collectivités locales ; promouvoir une gouvernance de proximité adaptée aux réalités régionales.
4. L’éducation civique et l’engagement citoyen sensibilisera les jeunes à la démocratie, à la participation politique et à la responsabilité collective ; encouragera l’émergence de nouveaux leaders porteurs d’une vision éthique et inclusive.
Conclusion
L’obnubilarisme
du pouvoir au Cameroun est à la fois un symptôme et une cause du blocage
politique et du sous-développement socio-économique. Pour sortir de cette
impasse, il ne suffit pas de changer les visages au sommet de l’État : il faut
refonder les règles du jeu, restaurer la confiance, et réconcilier le pouvoir
avec sa mission première qui est de servir le peuple. Le chemin est ardu, mais
l’histoire montre que même les régimes les plus figés peuvent évoluer lorsque
la volonté populaire s’allie à une vision courageuse du changement.
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