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Eloge à Dschang

Nah Teloh avait réfléchi toute la nuit. Il n’arrivait pas à comprendre le monde qu’il avait vu et ratifié mais qu’il vivait à présent comme une injustice que lui infligeait l’existence depuis qu’il quittât les bords de Dschang Wata. Il est vrai que, la veille, il avait arpenté les chemins du bois de Vincennes, ce bois à la lisière Est de Paris, Paris qu’il aimait et le bois de Vincennes, un lieu qu’il aimait visiter lorsqu’il avait le cœur triste. Il avait, ce jour-là, parcouru ce bois en long et en large, et eut un entretien du regard avec plusieurs espèces végétales pour calmer son âme. Ce n'était pas, il est vrai, le bois de cette colline, peuplée des goyaviers, la colline qui est juste à la lisière du Centre Climatique de Dschang et qu'il aimait visiter, et trouvait du plaisir à emprunter aux goyaviers, leurs fruits jaunes, sucrés et exquis. Oui, il n’était pas à Dschang. Cette ville, Dschang, au Cameroun, lui manquait. Dschang, c’est sa ville natale, son pays, anc

La Philosophie Yemba et la Douleur Amoureuse

Ce soir là, nous racontions et écoutions des histoires d’amour. C’elles qui me donnèrent le plus à réfléchir furent celles d’immenses déceptions en premier, ensuite celles issues d’intenses amours qui ensorcellent et encore mieux celles d’amour subis ou difficilement déclarables. Je voyais alors de malades dans un cas mais des gens très vertueux dans l’autre. Lorsque le petit groupe que nous étions eût fini de dire ses histoires, Oncle Wou Leko remarqua que, c’était un ensemble de complaintes, de douleur dont le caractère social avait des implications sur la vie. Il y vit un sujet de réflexion par la constitution en quelques textes oraux, ceux que nous venions de dire en langue Yemba, mais des textes qui n’existaient que dans la mémoire de ce peuple. Il se demanda si, par ces complaintes, Nnoh choung neh (groupe de parole) ne posait pas, en définitive, des questions sur l’état de l’âme et n’examinait pas en même temps, par ces textes et par d’autres qui peuvent être de langues écrit

Poésie: Je ne fais pas les choses comme les autres

J’ai, dit-on avec acharnement, le geste maladroit, Je fais des choses qu'on aimerait trouver à l’endroit Et les langues pointilleuses en savent quelque chose, Et en cela savent aussi me vilipender en grandes doses. Je ne fais pas les choses comme les autres Et le plus grand de mes pourfendeurs, du sien sait mettre La poudre qui, avec l’étincelle aux oreilles fait boum ; Ce qui pousse le miséricordieux à m’apporter son maximum  Pour que j'aie des pensées élevées et des yeux essuyés Et, à ces jeux-là, jamais, ne se sont  jamais ennuyés. J’ai, dit-on la parole, oui la parole maladroite Et dans la bagarre, je ne donne aucun coup de droite. Pour le coup, j’ai cru qu’on ne m’aimait pas; Mais d’un mouvement ou deux, faits à la fois d’un pas, J’ai vu que chacun  me voulait du bien et surtout parfait, Et que, ce que du bien je fais, doit être doux comme du lait. Je ne fais pas les choses comme voudraient les autres Et les gens disent que je ne

Poésie: Peu de gens croient le pauvre capable de faire l'aumône

Mon pauvre ! Qui s’arrêtera pour t’écouter ; Qui, d’entre les riches, pour entendre ta déclaration ! Une déclaration d’amour offrant ton amitié Qui s’arrêtera, reconnaissant, sans te prendre en pitié Et sans t’exposer au soleil de l’indignation ? Qui, oui, s’arrêtera, non plus pour douter, Pour douter, mon pauvre, de ta bonne intention, Mais pour ton bon cœur, et pour t’entendre murmurer, Comme dans la dernière édition Du journal, des mots, des bonnes choses , L’amour, qu’en convenables doses, Toi, le pauvre chuchotes humblement, En respectant le haut de la grandeur D’où, tout de magnificence vêtus et superbement, Les grands ont de la peine à montrer leur pudeur. Qui s’arrêtera pour prendre l’aumône que toi, tu tends, Au riche, prochain que tu aimes, et fais ta déclaration : Une déclaration d’amitié et d’amour que n’entend Celui-là qui te croit bien pauvre, Et prend ton offre comme une provocation, Une offense inacceptable, et pass

Poésie: Voilà la Chefferie Bandjoun

En partant de Dschang, sur la route de Yaoundé, Entre   Bafoussam et Bagangté, A la quête des traditionnelles beautés, Voilà la Chefferie Bandjoun, ici en pays Bamiléké . Tout autour des chemins, comme des ruisseaux, Taillant sinueux leurs chemins, bordés de clôtures en travaux, Et enfermant des bananiers comme des   soldats en faction Pour les protéger, mènent à une succession, Une succession de cases traditionnelles bien alignées, Soutenues par des colonnades bamilékémen t sculptées Qui autour de chaque habitat, portent comme un monde, Des toits coniques en majorité, ou ceux d’aujourd’hui à la mode. Les façades sont faites de raphia, nos bambous, Patiemment liés avec de la fibre aussi de raphia et c’est tout. Ces façades, par de motifs géométriques ornées, Qui les portent fièrement en trophée, Indiquent le sens mathématicien des peuples bamilékés. Et les portes, encadrées de panneaux sculptés, Intelligemment surélevées pour que, en furie

Poésie : J’ai eu le temps de regarder le monde

Ce que l’homme ne sait pas, c’est qu’il ne sait pas savoir ; Ce qu’il ne comprend pas, c’est ce qu’il croit devoir ; Ce qu’il ne voit pas, c’est ce qu’il croit ignorer ; Et ce qu’il ne maîtrise pas, il cherche, faible, à minorer. Ce qu’il croit avoir, est bien souvent une dette. Et ce qu’il croit posséder est alors la cause de sa perte. Lorsqu’on ne sait pas dans les choses voir, Et que dans l’ignorance on croit à autrui devoir, C’est qu’on ne sait pas que de la vérité on ignorait, Et dans l’ignorance, se donnait la force, et minorait Ce que ignorant on détruit, et en fait une perte ; Et qu’après coup, avec le temps, on regrette. J’ai eu le temps de regarder, De regarder le monde, de le sonder, Et garder en mon souvenir et voir en celui des tiers, Ces gens qui, pour enseigner, même à la terre entière Disent avec amour qu’il faut absolument comprendre, Tout ce que le désir au monde veut prendre. Ils jurent avec conviction qu’il faut, de tout savoir, Et de bien comb