Poésie: Peu de gens croient le pauvre capable de faire l'aumône
Mon pauvre ! Qui s’arrêtera pour t’écouter ;
Qui, d’entre les riches, pour entendre ta déclaration !
Une déclaration d’amour offrant ton amitié
Qui s’arrêtera, reconnaissant, sans te prendre en pitié
Et sans t’exposer au soleil de l’indignation ?
Qui, oui, s’arrêtera, non plus pour douter,
Pour douter, mon pauvre, de ta bonne intention,
Mais pour ton bon cœur, et pour t’entendre murmurer,
Comme dans la dernière édition
Du journal, des mots, des bonnes choses,
L’amour, qu’en convenables doses,
Toi, le pauvre chuchotes humblement,
En respectant le haut de la grandeur
D’où, tout de magnificence vêtus et superbement,
Les grands ont de la peine à montrer leur pudeur.
Qui s’arrêtera pour prendre l’aumône que toi, tu tends,
Au riche, prochain que tu aimes, et fais ta déclaration :
Une déclaration d’amitié et d’amour que n’entend
Celui-là qui te croit bien pauvre,
Et prend ton offre comme une provocation,
Une offense inacceptable, et passe outre,
Et parte, lui, sans amour fraîche dans l’outre
Car, juché sur l’orgueil, ne croit pas à une passion
Dont le fondement le dépasse, le tracasse,
Et vide de toute compréhension sa besace.
Peu de gens croient le pauvre capable d’amour.
Peu le croient capable de faire l'aumône
Et lorsqu’il le fait, on le croit auteur d’un tour,
Un tour malin à l’ambition d’un triste automne,
Ne sachant pas que ce pauvre a, comme chacun,
Accès à l’amour, chose qu’il peut s’offrir,
Puisque nul n’en a le monopole bien que d’aucuns
Voient en l’amour, le bien par l’or à acquérir,
Et que celui du pauvre est soupçonneux,
Puisque fort bien intéressé et donc douteux.
Erreur ou mépris, ou mal dont le riche doit guérir ?
Il est bien peu honorable pour qui s’est désintéressé
D’un amour simplement mais amicalement offert,
Au motif qu’il est le don d’un homme qui a souffert,
Alors même que l’amour est des biens, le plus prisé.
Que la main tendue du pauvre plaine d’amour se refuse ;
Que sa bonté soit mise à l’index ;
Qu’il soit soupçonné et soit celui qu’on accuse,
Qu’on accuse de chercher quelque intérêt, une idée fixe,
Qu’ont ceux qui ne croient pas le pauvre capable d’amour,
C’est qu’ils n’ont pas compris qu’il ne peut, par quelques tours
Etre acheté mais que c’est là, la plus importante chose,
Que le pauvre peut décemment s’offrir
Et généreusement offrir sans pâtir et sans à autrui nuire,
Et en distribuer ainsi autour de lui et ailleurs.
Il ne peut le moins du monde trahir
Ni les hommes ni les femmes et même pas le Saint-ailleurs
D’où il tient comme tout semblable de l’amour pour bâtir.
Daniel Tongning, 28 juillet 2011
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