Une Voix de Femme


Ce matin-là, encore chargée de la rosée,
L’herbe du champ sortait de la nuit,
Et l’aurore, c'est sûr, était le dernier témoin
De cet acte de la providence qui apporta
En ce temps de sécheresse aux végétaux
Leur ration d’eau journalière.
Personne, à cette heure matinale, n’avait encore
Emprunté le chemin qui, à Sa’ah conduisait.
Je m’y aventurais ; j’allais voir Tegni Teloghoh,
Mon grand-père, beau comme un ange.
J’avais l’espoir de rencontrer un autre Tegni,
L’ami de mon grand-père : Tegni Kessang
Lui qui me disait de ne pas oublier Sa’ah ;
Que c’est de là que je suis et dois y revenir
Comme on rentre chez soi, dans notre monde.
L’herbe que j’écartais en m’avançant
Sur ce chemin, à Le kuel Sa'ah ,
Chemin qu’avant moi empruntaient les anciens,
Déposait sur mon complet kaki,
L’eau de la rosée comme pour partager
En cette saison sèche le bienfait de la providence.
Seul  en ce moment de la matinée, je voulus,
Comme souvent sur ce chemin, le sac sur la tête,
Etre avec ma mère et l’entendre, à l’endroit de mon père
Dire de propos que dicte l’amour lorsqu’on aime.
Je voulus, à ce moment-là, entendre une voix de femme,
Celle de ma mère, et à défaut, celle d’une de mes sœurs
Et penser à l’avenir et au moment de ma vie d’homme,
La voix aimante d’une femme qui sera mienne.
Je voulus être à ce moment où j’allais vers mon grand-père
Avoir toujours ce sentiment, ce bonheur d’être avec lui.
Je voulus entendre aussi  une autre voix de femme,
Celle de Megha To’ok, la sœur de mon père, un autre amour
Un bien de la providence, qui toujours, me donnait du « mo’oh ».
Je voulus une voix de femme, qui dit toujours de l’amour
Et rasure lorsque l’enthousiasme est ébranlé dans notre jeune vie.
Je voulus ; oui, oui je voulus une voix de femme qui me rassurât.

Daniel Daniel Tongning
Août, an 2019

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