L’affaiblissement diplomatique et géostratégique du Cameroun

Le Cameroun, longtemps considéré comme un pilier de l’Afrique centrale, semble aujourd’hui en perte de vitesse sur le plan diplomatique et géostratégique. Malgré une position géographique stratégique, une diversité culturelle riche et un potentiel économique notable, le pays peine à affirmer son leadership régional et à maintenir une image positive sur la scène internationale. Cette régression s’explique par une combinaison de facteurs internes et externes, allant de la mauvaise gouvernance à une diplomatie peu proactive, en passant par des défis sécuritaires majeurs. 

I. Une diplomatie en retrait 

La diplomatie camerounaise est qualifiée de discrète, par les observateurs est défensive. Elle manque de dynamisme et de stratégie proactive, ce qui limite son rayonnement international. Alors que le Cameroun aurait pu jouer un rôle moteur dans l’intégration régionale, il se retrouve marginalisé dans plusieurs instances communautaires. L’exemple de la Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale (BVMAC), attribuée à Brazzaville malgré les avantages économiques de Douala, illustre cette perte d’influence. De plus, le pays ne parvient pas à capitaliser sur ses atouts géographiques et économiques pour renforcer sa position. Sa diplomatie est davantage préoccupée par la gestion des crises internes et moins par la construction d’une vision régionale cohérente. 

II. Une gouvernance fragilisée 

Le recul diplomatique du Cameroun est également lié à une gouvernance défaillante. La corruption, les détournements de fonds publics et l’absence de transparence dans la gestion des affaires de l’État affaiblissent la crédibilité du pays. Le tribalisme et la xénophobie interethnique, instrumentalisés à des fins politiques, nuisent considérablement à la cohésion nationale et à l’image du Cameroun à l’étranger. Par ailleurs, les atteintes aux droits humains, notamment dans les régions anglophones, suscitent des critiques internationales. L’usage controversé de lois antiterroristes pour réprimer les opposants politiques contribue à ternir la réputation de ce pays et à isoler ses dirigeants sur la scène mondiale. 

III. Des défis sécuritaires persistants

Le Cameroun est confronté à des menaces sécuritaires multiples : Boko Haram dans l’Extrême-Nord, les groupes rebelles centrafricains à l’Est, la crise anglophone dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, tout comme la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée. Ces défis affaiblissent sa capacité à jouer un rôle stabilisateur dans la région. L’insécurité chronique aux frontières et la militarisation de certaines zones du territoire réduisent l’efficacité de la diplomatie camerounaise, qui se retrouve davantage tournée vers la gestion des urgences que vers la construction d’alliances stratégiques. 

Pour conclure ! 

L’affaiblissement diplomatique et géostratégique du Cameroun est le résultat d’un enchevêtrement de facteurs structurels et conjoncturels. Pour inverser cette tendance, le pays doit repenser sa diplomatie, renforcer sa gouvernance, restaurer la confiance des citoyens et des partenaires internationaux, et s’engager résolument dans la résolution des crises sécuritaires. Le Cameroun a les ressources et le potentiel pour redevenir un acteur majeur en Afrique centrale, à condition de faire preuve de volonté politique et de vision stratégique.

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