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Une Voix de Femme

Ce matin-là, encore chargée de la rosée, L’herbe du champ sortait de la nuit, Et l’aurore, c'est sûr, était le dernier témoin De cet acte de la providence qui apporta En ce temps de sécheresse aux végétaux Leur ration d’eau journalière. Personne, à cette heure matinale, n’avait encore Emprunté le chemin qui, à Sa’ah conduisait. Je m’y aventurais ; j’allais voir Tegni Teloghoh, Mon grand-père, beau comme un ange. J’avais l’espoir de rencontrer un autre Tegni, L’ami de mon grand-père : Tegni Kessang Lui qui me disait de ne pas oublier Sa’ah ; Que c’est de là que je suis et dois y revenir Comme on rentre chez soi, dans notre monde. L’herbe que j’écartais en m’avançant Sur ce chemin, à Le kuel Sa'ah , Chemin qu’avant moi empruntaient les anciens, Déposait sur mon complet kaki, L’eau de la rosée comme pour partager En cette saison sèche le bienfait de la providence. Seul   en ce moment de la matinée, je voulus, Comme souvent sur ce chemin, le sac sur la tê

L'assassinat de Mo'oh

Ce matin-là, on avait entendu les crépitements des armes, les bruits de canon ; les populations réveillées fuyaient dans tous les sens et ceux qu’on rencontrait et qui venaient du Nord, côté Mbouda, recommandaient de faire demi-tour. Ils disaient : Akan Ntooh nsi chièh (les Gens aux caques à la tête arrivent),   l’armée arrive pour traduire ce que cela voulait dire. L’armée ! Elle tirait effectivement sur tout. Une journée des malheurs avait commencée. A Sa’ah, là où on avait le choix de fuir vers Dzem Toh ou retourner vers Mengnhè ou Tekang, c’était l’incertitude. Là, dans une maison, quelques hommes, à la recherche d’un lieu sécurisé, avaient été réunis par le hasard : Pa François, Mo’oh Kemjio et deux autres personnes de la même génération. Mo’oh Kemjio comme tout un chacun en ces années de guerre dans l’Ouest Cameroun, fuyant devant l’armée française qui combattait en pays Bamiléké, était, lui aussi à la recherche d’un lieu sécurisé. Comme nous le raconte Pa François, ils prirent u

Recevoir le bonheur

Recevoir le bonheur, c’est se séparer de son superflu, Et laisser libre pour l’épanouissement, la place à ce présent, Qu’à la recherche, on nomme la bonté, le bon accueil, le bienfait, Et encore, je ne dis pas tout. Le bonheur revêt plusieurs formes et porte, selon son avènement Le bien-être que seul le bénéficiaire peut nommer Ou dire comment il l’inonde et comment il le récent. Accepter l’amitié, c’est se contraindre à entrer dans la vérité, Et passer le temps à venir, à faire la chasse à la trahison, Et à obéir au raisonnable de l’amour. Aimer, c’est, devant sa non-réciprocité, de sa non-négociabilité, se plier. Comment être mieux, Comment recevoir mieux, Sans faire l’espace nécessaire, sans faire ce sacrifice, Bon pour tenir intact le bonheur qui entre Sans vouloir par égoïsme élever des barrières A l’entrée dans les lieux, dans votre espace, l’agent du bonheur ? Accepter l’amitié, c’est, s’incliner devant elle, Et la profondeur du pli de votre tunique, Ou l

Pourquoi tout le temps se plaindre ?

Les gens sont terribles Pourquoi, tout le temps se plaindre? Ne faut-il pas juste, avec prudence certes, regarder, Regarder la vie dans sa pureté,  Celle qui n’est pas tromperie mais vérité ? Ils oublient que la vie est magnifique, Plutôt que de regarder la vie avec reconnaissance, Ils passent le temps à regretter ce qu’ils n’ont pas, Et oublient d’apprécier ce qu’ils ont déjà Tu te lèves, les tiens te disent bonjour, Tu sors de chez toi, amis et voisins, Voire simples passants te saluent ; Tu vas au travail, passe une journée laborieuse Et le soir tu rentres chez toi. C'est très bien et gratifiant. Entre temps des choses se sont passées et tu es encore là. Tu es fâché ?  Il faut bien que tu aies ta part de contrariété ; Tu es content ? Il faut que tu aies aussi ta part de joie. Rien ne te fait sourire ou pleurer ? Il faut que tu aies un peu de calme, Si non comment apprécieras-tu la vie ? Tu as les poches vides ? Mais faut-il que

Pourquoi se plaindre

Les Entorses, Empire de la Négation

Bomber le torse, Brandir sa force, Intimider au nom du pouvoir, Pouvoir acquis par ruse Aux yeux de tous sans surprise ; Pouvoir que de droit on s’octroie En fermant à tout recours la voie Ou, ou, Pouvoir   par la loi conféré Qu’imposent au gens atterrés, Des responsables à la raison perdue, Constituent le vaste empire De l’intolérance, de l’usurpation, Où par la peur   prolifèrent des régimes d’entorses. Les entorses, ces pratiques qui ruinent ; Entorses, manières qui à tout nuisent : Entorses aux droits, Entorses au vivre en paix Entorses aux libres mouvements Entorses de lire et d’écrire librement Entorses à la promenade la main dans l’autre De la femme et de son époux amoureux Entorses aux peuples de retirer au prince Le mandat qu’il lui a confié ; Entorse à la règle qui oblige le retour aux urnes Entorses   aux droits des femmes ; Entorses aux droits des enfants Entorses à l’alimentation du corps Entorses au respect de la vie ; Entorses, Entorses….

L'AFRIQUE QUE JE HAIS

L’Afrique que je hais, Celle du silence, Celle qui ne s’aime pas, Celle que les autres peuvent impunément insulter, Celle qui, sans broncher accepte l’humiliation, Celle qui aliène sa dignité contre la bonté, L’Afrique que les autres méprisent ; Celle de l’indifférence. L’Afrique que je hais ; Celle des Africains qui encore, esclavagent Celle qui vend ses enfants, Celle qui se tait lorsque les siens souffrent, Celle des dirigeants qui se taisent lorsqu’en captivité Ses enfants sont gardés, violés et martyrisés ; Celle qui oublie sa religion et adopte celle des esclavagistes ; Celle qui ne sait plus dire bonjour en sa langue. L’Afrique que je hais, C’est celle qui, elle-même, se mésestime ; Celle qui toujours aime dire qu’elle a été colonie, Celle qui maudit son bourreau mais mange dans sa main ; Celle qui dit être libre, et aurait voulu être morte Si elle ne l’était pas, mais se soumet heureux à la servitude ; Celle qui se complaît dans la