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La main tendue

Si je dis aux gens à qui va mon amitié, L'incrédule dira qu'il ne veut pas ma pitié. Si je tends la main il hésitera à la prendre Et, voyant en l'amitié la vertu de l'aumône, Il voudra voir en son dedans le contenu de la fortune Qui fait de mon acte un commerce à comprendre.   Comme une prière dans l'obscurité, L'art de donner est une main tendue Plaine de bienveillance et de bonté A qui veut saisir une part de la grâce Pour se muer aussi en une main qui donne. Une promesse de femme, proclame la légende, C'est comme une corde tendue qui ne tient pas longtemps ; Et celle de l'homme serait une corde tendue au-dessus de l’abîme. Rien en nous et en ce monde n'est parfait Mais repose sur l'ardeur et la vérité que nous mettons Pour rassurer, convaincre et toujours chérir. Le faux pas est admis lorsqu'il n'a rien de volontaire Et n'est que l'accident à mille lieues du dessein de nuire. Daniel Tongning  Ja nvier 2021  

Pauvre seigneur

Il veut être en tout digne P auvres seigneur, pauvre peuple, c’est très subsaharien, Dans le monde, ce seigneur, ce peuple, un genre de terrien Unique, peuple bien pourvus mais, éternels victimes Qui, avec son seigneur dans le misérabilisme s’affirme Agite pour convaincre les donateurs, sa mort prochaine ; Toujours, réclame le secours et s’y enchaine; Jamais, au-dessus de la dignité ne s’élève Et voilà, c’est pour lui, une expérience sans rêve. Régent, il se nourrit de l’exploitation des siens, Qui, blâmés, martyrisés lui cèdent leurs biens. Esclave, attend de ces étrangers, son suzerain Les soutiens de toutes sortes pour mener bon train, Accepte de son bourreau l'aumône Et s’appauvrit mieux que la verdure en automne Saison qui, comme la vie impose, ajuste à la vérité, et sans scrupule impose à la végétation la nudité. le seigneur veut être en tout digne Mais ailleurs, et sur ses terres, n’est pas maître. L’étranger, son visiteur, qui le cor

De la contradiction

La vie vécue, est   le temps qu’après la vie reçue L’homme   met pour apprendre et agir. Dans l’agir, se connecter aux autres   pour échanger, En toute liberté et conscience dans le respect, est   chose louable. Dialoguer, c’est faire dans cet espace-temps le lit dans la chambre  Où la compréhension et le dialogue enfanteront la Paix, leur Fille, Où l’art de se connecter, de se réunir, est   de lier langue Pour délier les paroles et le discours qui, ensemble, construisent. Qui va au dialogue n’est point belliqueux Puisqu’aux autres, le belliqueux ne se connecte pas ; dit ses souhaits, Dicte ce qu’il a besoin de voir, et l’avoir est son objectif. Son bien-être étant plus naturel   que celui de ses congénères,   Il aime les approbations et déteste les contradictions. Lui résister, lui dire ce qu’est le dialogue est un crime Et aux autres, faire des concessions, c’est berner, manœuvrer Car abandonner son besoin,   c’est capituler, c’est   pour lui mour

Une Voix de Femme

Ce matin-là, encore chargée de la rosée, L’herbe du champ sortait de la nuit, Et l’aurore, c'est sûr, était le dernier témoin De cet acte de la providence qui apporta En ce temps de sécheresse aux végétaux Leur ration d’eau journalière. Personne, à cette heure matinale, n’avait encore Emprunté le chemin qui, à Sa’ah conduisait. Je m’y aventurais ; j’allais voir Tegni Teloghoh, Mon grand-père, beau comme un ange. J’avais l’espoir de rencontrer un autre Tegni, L’ami de mon grand-père : Tegni Kessang Lui qui me disait de ne pas oublier Sa’ah ; Que c’est de là que je suis et dois y revenir Comme on rentre chez soi, dans notre monde. L’herbe que j’écartais en m’avançant Sur ce chemin, à Le kuel Sa'ah , Chemin qu’avant moi empruntaient les anciens, Déposait sur mon complet kaki, L’eau de la rosée comme pour partager En cette saison sèche le bienfait de la providence. Seul   en ce moment de la matinée, je voulus, Comme souvent sur ce chemin, le sac sur la tê

L'assassinat de Mo'oh

Ce matin-là, on avait entendu les crépitements des armes, les bruits de canon ; les populations réveillées fuyaient dans tous les sens et ceux qu’on rencontrait et qui venaient du Nord, côté Mbouda, recommandaient de faire demi-tour. Ils disaient : Akan Ntooh nsi chièh (les Gens aux caques à la tête arrivent),   l’armée arrive pour traduire ce que cela voulait dire. L’armée ! Elle tirait effectivement sur tout. Une journée des malheurs avait commencée. A Sa’ah, là où on avait le choix de fuir vers Dzem Toh ou retourner vers Mengnhè ou Tekang, c’était l’incertitude. Là, dans une maison, quelques hommes, à la recherche d’un lieu sécurisé, avaient été réunis par le hasard : Pa François, Mo’oh Kemjio et deux autres personnes de la même génération. Mo’oh Kemjio comme tout un chacun en ces années de guerre dans l’Ouest Cameroun, fuyant devant l’armée française qui combattait en pays Bamiléké, était, lui aussi à la recherche d’un lieu sécurisé. Comme nous le raconte Pa François, ils prirent u

Recevoir le bonheur

Recevoir le bonheur, c’est se séparer de son superflu, Et laisser libre pour l’épanouissement, la place à ce présent, Qu’à la recherche, on nomme la bonté, le bon accueil, le bienfait, Et encore, je ne dis pas tout. Le bonheur revêt plusieurs formes et porte, selon son avènement Le bien-être que seul le bénéficiaire peut nommer Ou dire comment il l’inonde et comment il le récent. Accepter l’amitié, c’est se contraindre à entrer dans la vérité, Et passer le temps à venir, à faire la chasse à la trahison, Et à obéir au raisonnable de l’amour. Aimer, c’est, devant sa non-réciprocité, de sa non-négociabilité, se plier. Comment être mieux, Comment recevoir mieux, Sans faire l’espace nécessaire, sans faire ce sacrifice, Bon pour tenir intact le bonheur qui entre Sans vouloir par égoïsme élever des barrières A l’entrée dans les lieux, dans votre espace, l’agent du bonheur ? Accepter l’amitié, c’est, s’incliner devant elle, Et la profondeur du pli de votre tunique, Ou l

Pourquoi tout le temps se plaindre ?

Les gens sont terribles Pourquoi, tout le temps se plaindre? Ne faut-il pas juste, avec prudence certes, regarder, Regarder la vie dans sa pureté,  Celle qui n’est pas tromperie mais vérité ? Ils oublient que la vie est magnifique, Plutôt que de regarder la vie avec reconnaissance, Ils passent le temps à regretter ce qu’ils n’ont pas, Et oublient d’apprécier ce qu’ils ont déjà Tu te lèves, les tiens te disent bonjour, Tu sors de chez toi, amis et voisins, Voire simples passants te saluent ; Tu vas au travail, passe une journée laborieuse Et le soir tu rentres chez toi. C'est très bien et gratifiant. Entre temps des choses se sont passées et tu es encore là. Tu es fâché ?  Il faut bien que tu aies ta part de contrariété ; Tu es content ? Il faut que tu aies aussi ta part de joie. Rien ne te fait sourire ou pleurer ? Il faut que tu aies un peu de calme, Si non comment apprécieras-tu la vie ? Tu as les poches vides ? Mais faut-il que